Le 21 février 1944, Yves Le Chevallier a rendez-vous avec Jean Le Jeune (1) à Plouzélambre qui doit lui remettre des explosifs et diverses armes.
Témoignage d'Yves Le Chevalier
Perros-Guirec le 4 Mars 1966
Attestation
Je soussigné Le Chevallier Yves, certifie sur l'honneur avoir été arrêté le 21 Février 1944 dans les circonstances suivantes :
J'avais un rendez-vous ce jour là, à Plouzélambre avec un chef de la Résistance le Commandant Emile. Je m'y suis rendu à l'heure indiquée. La personne, qui m'a reçu était dans un état d'inquiétude lorsqu'elle m'a remis une note en me disant de m'éloigner le plus discrètement possible. Le Commandant Emile n'était pas là. Ce papier m'informait que le rendez-vous était remis à 13 h 30 dans un bosquet à gauche de la route de Ploumilliau avant le passage à niveau de Kerauzern. Je m'y suis rendu et nous nous sommes trouvés à cinq, mais le Commandant Emile n'était pas là. Pendant cette rencontre, l'un d'entre nous s'est aperçu que nous étions surveillés. Pour en sortir, j'ai décidé de m'en aller le premier...
Yves Le Chevalier est arrêté à Kerauzern en Ploubezre par des inspecteurs de police et conduit à commissariat de police de Lannion.
Ce 21 février 1944, il neige, Yves Le Chevallier est dirigé par deux inspecteurs de police vers le commissariat de police de Lannion, situé sous la mairie. En cours de route, il entend dire que son transfert à Rennes aura lieu le lendemain après l'interrogatoire. C'est alors qu'une idée de fuir lui vient à l'esprit. Arrivé à la mairie, toujours sous la neige qui tombe plus serrée. En descendant une marche, il perd un sabot, puis l'autre. Arrivé à la cellule, un gardien, devant, va mettre la clé dans la porte, suivent à 5 ou 6 m les deux inspecteurs. Une bousculade à l'agent, un bond en avant, une fuite éperdue malgré les coups de feu. Direction les quais, le Palais de Justice, le pont de Kermaria qui sont franchis en quelques minutes. Il atteint la campagne à Ploubezre avant de respirer un peu et prendre une décision. Ses pieds mouillés sont déjà en sang. Qu'importe, Yves Le Chevalier est libre !
A travers champs, par des chemins difficiles, il gagne Buhulien, Saint-Marc, puis Petit-Camp.
A 5 h du matin, il frappe à Pen-Ar-Hoat, au café Rémond qui sera son premier refuge de "Maquisard".
Note de Corentin André le capitaine Maurice
J'ai rendu visite à l'ami Yves Le Chevallier qui m'a fait le récit de son évasion entre la mairie de Lannion et le domicile d'un ami, à Petit-Camp en Louannec, vers 5 h du matin (Le Tailleur de Petit-Camp, Résistant) et m'a raconté comment Louis Guyomard, chef de Brigade à Perros-Guirec prévint l'épouse d'Yves, lui donnant le temps de déménager la cache d'armes sous le perron de sa maison de La Clarté...
(1) Jean Le Jeune le commandant Emile responsable départemental des FTP est arrêté le 21 février 1944 par des gendarmes de la brigade de Plouaret au bourg de Lanvellec. Il tente de s'enfuir, les gendarmes lui tirent dessus, Jean Le Jeune est blessé, transporté à l'hôpital de Lannion, gardé par des agents de police.
Le 9 mars 1944, alors que les Allemands s'apprêtent à transférer Jean Le Jeune vers Rennes, ses camarades l'exfiltrent pour le mettre en lieu sur, après une convalescence, il reprend son poste de responsable dans la Résistance.